Vivre la joie de l’Évangile, II/IV
di Pierre Diarra *
L’option préférentielle pour les pauvres
Texte II/IV
2. Développer une société plus juste et croyante
L’Église est invitée à se réformer grâce à sa « sortie » missionnaire. Les agents pastoraux doivent éviter toutes les tentations, notamment celle qui consiste à faire comme on a toujours fait : une conversion pastorale et missionnaire ne peut se contenter de « simple administration », en laissant les choses comme elles sont. Le Pape est presque provocateur quand il écrit : « Plus que la peur de se tromper, j’espère que nous anime la peur de nous renfermer dans les structures qui nous donnent une fausse protection, dans les normes qui nous transforment en juges implacables, dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles, alors que, dehors, il y a une multitude affamée, et Jésus qui nous répète sans arrêt : "Donnez-leur vous-mêmes à manger" (Mc 6, 37). » (n°49) L’Église doit être en « état permanent de mission » (n°25) et provoquer le développement d’une société plus juste et croyante (n°68). « Le besoin d’évangéliser les cultures pour inculturer l’Évangile est impérieux. » (n°69)
Il s’agit, en fait, de donner une place aux pauvres dans l’Église et d’instituer le dialogue social, mais aussi de bien préparer l’homélie. L’annonce de la Bonne Nouvelle et son accueil sont-ils réellement une source de joie et d’espoir pour nos contemporains ? Dans Evangelii gaudium, le pape François souligne fortement combien une annonce de l’Évangile doit prendre en compte la dimension sociale de l’Homme, ses motivations spirituelles, ses joies et ses peines. Les évangélisateurs sont invités à s’ouvrir à l’action de l’Esprit Saint, à être attentifs aux signes des temps, aux attentes de leurs contemporains, sans pour autant abandonner les fondements de la mission chrétienne présents tout au long de l’histoire de l’évangélisation et, de façon spéciale, dans les textes bibliques.
a) Une mission enracinée dans les textes bibliques
De nombreux textes bibliques accompagnent la réflexion du Pape de bout en bout. Le pape François prend le temps d’en citer, afin qu’ils soient au cœur des activités de l’Église, en lien avec les thèmes de la joie et de la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi. Une autre nouveauté de cette exhortation, c’est la référence à de nombreux écrits qui ne sont pas rédigés par des papes, mais des Conférences épiscopales, comme celles de la France, des États-Unis, des Philippines, du Zaïre (RDC). Le Pape renvoie au document de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes, dit d’Aparecida (2007), cite les évêques latino-américains notamment quand ils affirment que les chrétiens ne doivent pas rester impassibles, dans une attente indifférente, à l’intérieur de leurs églises. Ils doivent passer « d’une pastorale de simple conservation à une pastorale vraiment missionnaire » (n°15 ; cf. Document d’Aparecida, n°548 et 370). Il faut sortir, aller vers…
Jérémie est appelé à annoncer la parole de Dieu en Israël ; il est mis à part « comme prophète des nations » (Jr 1, 5). Le juste accablé de souffrance, mais élu par Dieu, est capable d’apporter aux nations le droit (Es 42, 1) et de les étonner (Es 52, 15). En tant que figure d’Israël (Es 41, 8-9 ; 44, 21), le serviteur est aussi appelé « alliance du peuple et lumière des nations » (Es 42, 6). Le Seigneur va faire du serviteur la lumière des nations pour que son salut atteigne les extrémités de la terre (Es 49, 6). C’est tout le peuple qui est appelé à partager la fonction du prophète Joël, car le Seigneur veut répandre son Esprit sur toute chair, même sur les esclaves, hommes et femmes (Jl 3, 1-2). Les étrangers vont bénéficier de la bonté du Seigneur et seront invités à se convertir et le Seigneur exaucera leurs demandes et les guérira (Es 19, 16-22 ; 24-25). Un jour toutes les nations afflueront vers la montagne du Seigneur, à la maison du Dieu de Jacob pour recevoir la parole, la Loi et l’enseignement du Seigneur (Es 2, 2-3).
b) Une joie pour tous les peuples
La grande joie qui est annoncée à la naissance de Jésus est déjà présente dans certains textes du Premier Testament, car il s’agit d’une joie pour Israël qui s’étend à tous les peuples, dans une dynamique missionnaire. L’identité du nouveau-né renvoie à celle du Fils de Dieu mais aussi à celles d’Israël et de l’humanité (Lc 2, 1-21). La mission du Fils de Dieu consiste à faire connaître le Père (Jn 1, 18). Fils d’Israël, il porte à son sommet la mission d’Israël et, sans l’abolir, fait comprendre que l’attention de Dieu est élargie à toute l’humanité. En fait, Dieu ne fait pas acception de personnes ; en toute nation, quiconque le craint et pratique la justice trouve accueil auprès de lui. La Bonne Nouvelle est maintenant adressé à tous les hommes sans exception, puisque Jésus Christ est le Seigneur de tous (Ac 10, 34-36). En Dieu il n’y a pas de partialité (Rm 2, 11). La mission chrétienne concerne tout être humain qui prend conscience de l’amour de Dieu manifesté dans l’Incarnation en vue du rassemblement de l’humanité sous un seul chef, le Christ (Col 1, 12-23). « La mission du peuple juif et celle de l’Église se rejoignent ici : elles consistent à signifier pour l’humanité ce que recouvre cette responsabilité sacrée, mais de manière implicite pour l’un, de manière explicite pour l’autre, autrement dit différemment mais ensemble.(1) » Il ne s’agit pas tant d’un engagement concret pour une cause humaniste, mais surtout l’annonce de la présence active en chaque personne de Dieu. Celui-ci l’appelle à se tourner vers lui, à le connaître et le reconnaître comme la source, le but et la fin de son existence. La joie d’Israël devient la joie de tous ceux qui entendent l’appel à rejoindre la montagne du Seigneur. La joie des disciples du Christ devient celle de toute personne à qui ils annoncent la Bonne Nouvelle. La liberté humaine demeure, autant dans l’accueil de la Bonne Nouvelle que dans celui de la joie qui l’accompagne, étant entendu que la liberté inclut la possibilité du refus autant que de l’acceptation. Au cœur du projet missionnaire de « son Dieu », Israël prend conscience que l’alliance conclue avec « son Dieu » est un signe pour toute l’humanité. De même, le Christ récapitule les hauts-faits de Dieu, en déployant cette Alliance dans l’espace et le temps, sans aucune limite.
c) La joie d’une femme missionnaire
La page de l’Évangile (Jn 4, 1-42) de la rencontre de Jésus et de la Samaritaine semble inviter le lecteur à considérer cette dernière comme une pionnière de la mission évangélisatrice dans le Nouveau Testament. Pour les juifs qui avaient droit à trois mariages au plus, toute personne qui devait en contracter un quatrième était considérée comme anormale. Dévoiler que la Samaritaine a eu cinq maris, c’est vouloir relever sa vie anormale et peut-être le fait qu’elle soit « une femme méprisée (2)» et considérée comme telle dans son entourage. La Samaritaine, l’envoyée de Jésus, se sait elle-même misérable ; elle est consciente d’avoir besoin de la grâce de Dieu : « Seigneur, donne-moi cette eau pour que je n’aie plus soif. » Dieu ne porte pas son choix sur des personnes parfaites ; celles-ci risqueraient de n’être pas en mesure d’assumer une responsabilité dans un domaine qu’elles n’ont pas expérimenté. L’élection n’est pas liée à un mérite quelconque, mais à la grâce de Dieu.
La rencontre d’un homme de Dieu peut permettre d’arbitrer des litiges, de faire du tri et même de pousser des êtres humains à faire disparaître des traditions. Celles-ci cèdent alors la place à une nouvelle façon d’être un croyant joyeux, heureux d’aimer Dieu et les humains, ses frères et sœurs. Les partisans du Temple et ceux du mont Garisim sont invités à « adorer le Père en Esprit et en Vérité » (Jn 4, 21-23) (3). La Samaritaine est choisie pour annoncer la réforme religieuse qu’apporte Jésus. Comment briser les tabous, les superstitions et les barrières, qu’ils soient tribaux, claniques ou autres ? Les Samaritains manifestent une certaine ingratitude à l’endroit de la femme quand ils disent : « ce n’est plus seulement à cause de tes dires que nous croyons. » Les envoyés du Christ ne sont-ils pas appelés à devenir des « serviteurs inutiles » (Lc 17, 10) ou des prophètes méprisés (Mt 13, 57) ? Même s’ils apparaissent méchants et ingrats, les Samaritains ont été touchés par l’envoyé de Jésus et ils se sont déplacés géographiquement et spirituellement. Ils ont pu rencontrer le sauveur du monde qui est désormais la source de leur bonheur. Ils sont heureux d’avoir rencontré le Christ et ils « le prièrent de demeurer parmi eux » (Jn 4, 40-42) .(4)
d) La joie de rencontrer de Jésus
Les signes que les disciples de Jésus vont voir, entendre et interpréter (1 Jn 1, 3-4) pour croire, doivent conduire à une joie complète. Ces signes sont compris comme ayant été annoncés par les Écritures juives. Jean explique : « Jésus a opéré sous les yeux de ses disciples bien d’autres signes qui ne sont pas consignés dans ce livre. Ceux-ci l’ont été pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour que, en croyant, vous ayez la vie en son nom. » (Jn 20, 30-31). Croire en Jésus, c’est reconnaître sa condition de Fils de Dieu et sa mission de Messie, c’est aussi se disposer à recevoir la vie éternelle en communion avec lui.(5) Cette vie est donnée en la personne de Jésus Christ, le Fils de Dieu, par le moyen de la proclamation de l’Évangile ; nous la recevons dans la foi en son nom (1 Jn 5, 10-13).
En se référant à Evangelii nuntiandi de Paul VI qu’il cite plusieurs fois, le pape François insiste sur la dimension sociale de l’évangélisation ; le chapitre 4 tout entier de l’exhortation y est consacré (n°176-258). Dans le deuxième chapitre, plusieurs questions sociales liées au monde actuel sont abordées. Des idées importantes méritent d’être ici soulignées, car elles précisent la conviction du Pape. Si l’évangélisation ne prend pas en compte la dimension sociale, elle risque de ne plus être authentique ou intégrale (n°176) ; la proposition de l’Évangile ne consiste pas seulement en une relation personnelle avec Dieu (n°180). Il faut veiller à un vrai développement de « tous les hommes et de tout l’homme » (n°181), comme l’écrivait déjà Paul VI (Populorum progressio, 1967, n°14).
Ce que le Christ est venu annoncer et réaliser, ce n’est pas la captivité ni l’exil, mais la libération à partir de situations réelles. L’amour et le péché sont des réalités historiques, vécues dans des situations concrètes. La communication de l’Évangile « passe par un moment de silence et d’écoute devant le Seigneur et devant le peuple, par un temps de contemplation où la joie se laisse éprouver. Évangéliser, c’est communiquer ce silence et cette joie que la parole du Seigneur crée en nous. Mais il s’agit d’un silence de révolte et d’une joie pascale : victoire sur la mort que sème le dominateur, résurrection de l’espérance qui affaiblit le conciliateur, présence de l’amour gratuit du Père qui assume tout.(6) » L’évangélisation des pauvres et par les pauvres rejoint la vision optimiste du concile Vatican II par rapport au monde, au progrès, à la science et à la technique contemporaines, mais aussi par rapport à la personne conçue comme sujet de l’histoire et de sa liberté, entendu que la plénitude de sens des valeurs humaines doit se référer au message chrétien. L’Église accomplit sa mission comme signe et sacrement universel du salut. Elle a pris conscience d’elle-même et de sa fidélité au Dieu de Jésus-Christ, à partir des pauvres de ce monde, des classes exploitées, des peuples méprisés et des cultures marginalisées.
Elle est source d’espérance et de joie quand elle propose l’Évangile aux pauvres, car le Christ s’identifie à eux et à tous les dépouillés de ce monde (Mt 25, 31-46). Les pauvres de ce monde deviennent le peuple de Dieu, « les témoins inquiétants du Dieu qui libère(7) ». L’évangélisation est un service intérieur au processus historique de libération qui permet aux « disciples-missionnaires » d’être solidaires avec les pauvres et les exploités de ce monde ; c’est ainsi qu’elle procure la joie aux « missionnaires » comme aux « missionnés ».
e) L’option préférentielle pour les pauvres
Ce que le pape François souligne fortement pourrait se résumer ainsi : l’évangélisation serait incomplète si elle ne tenait pas compte des rapports concrets et permanents qui existent entre l’Évangile et la vie personnelle et sociale de l’homme. Le Pape reprend les idées de Paul VI (Evangelii nuntiandi, 1975, n°29), en mettant en relief l’option préférentielle pour les pauvres. Il ne s’agit pas seulement des droits de l’homme, mais aussi des droits des peuples (n°190). La dimension théologique de la place des pauvres dans la société et dans l’Église est clairement affirmée. L’option pour les pauvres est fondée sur le fait que Dieu s’est fait pauvre pour nous. Le Pape déclare : « je désire une Église pauvre pour les pauvres » (n°198). Les personnes menacées par une économie tournée exclusivement vers le profit sont indiquées : les migrants, les travailleurs clandestins, les femmes, les enfants et les enfants à naître (n°213). Pour le Pape, « la pire des discriminations dont souffrent les pauvres est le manque d’attention spirituelle » (n°200).
Les pauvres et les opprimés ont une grande place dans l’annonce de la Bonne Nouvelle, d’où l’importance des théologies de la libération, non seulement en Amérique latine, mais aussi en Asie, en Afrique et partout dans le monde. En 1974, Claude Geffré y voyait déjà une théologie prophétique. « Derrière cette théologie en genèse, il nous faut entendre le cri des pauvres. Et ce qui se cherche et commence à s’exprimer en Amérique latine préfigure peut-être ce qui naîtra demain en Afrique et en Asie. Les "théologies de la libération" représentent sûrement une chance pour l’Église universelle. Et ce que la théologie du monde occidental serait tentée de dédaigner comme une "anti-théologie" pourrait devenir la condition de son propre renouvellement. » (8)
f) La joie de faire dialoguer les cultures
Le pape François n’oublie pas, dans Evangelii gaudium, l’inculturation ou la contextualisation. Un sentiment d’oppression et de mépris peut envahir les personnes dont la culture semble dominée par celle d’autres personnes, d’où la nécessité du dialogue culturel à travers le processus de l’inculturation. Il ne peut exister d’inculturation valable de la foi chrétienne sans le respect et la juste appréciation de la culture des personnes à qui l’Évangile est proposé. Ce qui est difficile, c’est le passage des réalités propres et autonomes de chaque culture aux réalités impliquées dans la foi chrétienne. Comme disait le cardinal Zoungrana en 1969, « notre être propre ne doit pas nous être imposé du dehors (9)» , mais quelle joie pour les missionnaires et les « missionnés » si diverses valeurs peuvent être reconnues, partagées et être source d’enrichissement réciproque ! Quelle joie si l’évangélisation provoque le dialogue entre les cultures ! Quelle joie si le « missionné » ne se sent pas obligé de renoncer à ses valeurs culturelles, mais se sent encouragé par l’Église pour exprimer dans ses propres catégories la foi chrétienne et mieux accueillir le Christ dans une logique de conversion. Il est impossible, en effet, de réduire le kérygme à la seule dimension d’une culture et à la seule expression d’une unique langue sacrée. Quelle joie si l’accueil du christianisme provoque un constant discernement pour un nécessaire tri des réalités culturelles qui peuvent être compatibles avec le message chrétien proposant la présence du Dieu de Jésus-Christ à l’Homme au cœur d’un réel dialogue entre chrétiens, théologiens, croyants, hommes et femmes de bonne volonté.
Évangéliser les cultures pour inculturer l’Évangile est impérieux. L’inculturation concerne tous les peuples, tous les pays où l’Évangile est proposé, ceux de tradition catholique comme ceux d’autres traditions religieuses ou profondément sécularisés. Il s’agit de prendre soin et de renforcer la richesse qui existe déjà. Toutes les cultures et tous les groupes sociaux ont besoin de purification et de maturation (n°69). Il s’agit de lutter contre le machisme, l’alcoolisme, la violence domestique, la faible participation à l’Eucharistie, les croyances fatalistes ou superstitieuses qui font recourir à la sorcellerie, etc. Mais, explique le Pape, c’est « la piété populaire qui est le meilleur point de départ pour les guérir et les libérer » (n°69). Cette piété peut mettre en relief la primauté des valeurs affectives et émotives sur la simple logique du raisonnement, une prédominance du sentiment sur la pure rationalité.
Quelle joie pour le croyant si son désir d’une vie religieuse plus émotionnelle, plus participante et plus chaleureuse est pris en compte ! Pourquoi l’inculturation ne ferait-elle pas des ouvertures sur la transe, les bénédictions, la vision, la guérison et le miracle ? Quelle joie si de nouvelles manières de proposer l’Évangile permettent à nos contemporains de mieux comprendre qui est Jésus-Christ ! Quelle joie si l’Église propose une Bonne Nouvelle qui suscite auprès de tous dialogue et espérance !
Suite du texte : (III/IV) - 3. De nouvelles manières de proposer l’Evangile…
Pierre Diarra,
Union Pontificale Missionnaire -France, avril 2017
----------------------------------------------------------------
(1) Marie Helène Robert, « Identité d’Israël et mission dans l’Écriture », in AFOM, Marie-Hélène Robert, Jacques Matthey et Catherine Vialle, Figures bibliques de la mission (dir.), Paris, Cerf, 2010, p. 73-97 ; p. 96 pour la citation.
(2) Priscille Djomhoué, « La Samaritaine, une pionnière de la mission évangélisatrice dans le Nouveau Testament », in AFOM, Marie-Hélène Robert, Jacques Matthey et Catherine Vialle, Figures bibliques de la mission (dir.), Paris, Cerf, 2010, p. 119-133, p. 128 pour la citation.
(3) Dans « un milieu qui tolérait au plus trois mariages successifs, certains critiques ne voient ici qu’une allégorie. Les cinq "maris" correspondraient aux cinq dieux introduits en Samarie après la conquête assyrienne de 721 ; en ce cas, celui que la femme a maintenant n’est pas le vrai Dieu. » (Xavier Léon-Dufour, Lecture de l’évangile selon Jean. Tome I (chapitres 1-4), Paris, Seuil, 1987, p. 362-363). Jésus provoque-t-il la femme à invoquer (« appelle ! ») le Seigneur YHWH, le vrai Dieu et à avouer qu’elle ne l’a pas ? S’il s’agit d’un texte « symbolique » concernant l’infidélité religieuse des Samaritains, dont le « désordre sexuel de la femme fournit une expression conforme au langage biblique » (Xavier Léon-Dufour, op. cit., p. 363 ; voir Os 2-3 en particulier Os 2, 18 ; Ez 16 ; Mt 12, 39 ; 16, 4), Jésus se présente aux Samaritains comme le vrai Dieu, le remplaçant de leurs « dieux ».
(4) Au-delà des questions liées au mariage, au divorce et aux difficiles relations entre Juifs et Samaritains, des questions juridiques sont posées en termes de justice et d’amour dès lors que Dieu se révèle comme Amour (voir Mt 19, 3 ; Dt 24, 1 ; Joachim Jeremias, Jérusalem au temps de Jésus. Recherches d’histoire économique et sociale pour la période néo-testamentaire, Paris, Cerf, 1967, p. 406 et 462-492). Les fortes tensions et le témoignage des paroles haineuses entre Juifs et Samaritains sont à prendre en compte, pour mesurer les enjeux de la rencontre de Jésus et de la Samaritaine, au-delà des divergences entre les positions des Shammaïtes et des Hillélites à propos de l’interprétation de la Loi (Si 50, 25-26 ; Dt 32, 21-22 ; Lc 9, 52-53 ; 10, 30-37 ; 17, 17-19 ; Jn 4, 9)
(5) Voir F. –M. Braun, Jean le théologien. Tome 2. Les grandes traditions d’Israël. L’accord des Ecritures d’après le Quatrième Evangile, Paris, Gabalda et Cie, 1964, p. 57.
(6) Gustavo Gutierrez, La force historique des pauvres, Paris, Cerf, 1986, p. 226.
(7) Gustavo Gutierrez, La force historique des pauvres, Paris, Cerf, 1986, p. 231.
(8) Cl. Geffré, « Le choc d’une théologie prophétique », dans Concilium, n°96, 1974, p. 15 ; voir Maurice Cheza, Luis Martinez Saavedra et Pierre Sauvage, Dictionnaire historique de la théologie de la libération, Namur, Lessius éditions jésuites, 2017, p. 620.
(9) Michel Meslin, L’expérience humaine du divin, Paris, Cerf, 1988, p. 258.
* nota sull'autore
Théologien, Rédacteur en chef de la revue Mission de l'Eglise